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1893
Huile sur toile portant le cachet de la signature en bas à gauche.
23 x 29 cm.
Ces sphères géométriques alignées au premier plan n’évoquent pas immédiatement
la frondaison des arbres mais plutôt quelque composition abstraite. D’autant que les
rares troncs apparents sont réduits à une simple ligne parfaitement verticale... Pour
autant, la répartition dans l’espace des diverses zones colorées atteste d’un paysage où le
bleu du ciel, proéminent, occupe la moitié supérieure de l’oeuvre tandis qu’une gamme
plus chaude de jaunes et de verts s’étalent dans la partie inférieure, interrompue par
une bande blanche horizontale formée de petits carrés blancs qui évoquent les maisons
d’une petite ville. Enfin, en bas à gauche, un rectangle bleu, écho dilué du ciel, nous
apporte la mer... il s’agit bien d’un port. Vu de surplomb, ce paysage urbain se distingue
plus qu’il ne s’affiche. Il semble le prétexte au déploiement d’une palette où les couleurs
fusent. La touche y est omniprésente, tantôt légère, tantôt saturée. Mais aussi tantôt
disciplinée, pour figurer les contours d’une maison à droite, tantôt libre, au point de
noyer les formes en une masse indistincte, à gauche, un voilier rentrant au port ? La
gamme de couleurs, délicate et subtile, joue d’un savant équilibre entre tonalités froides
et chaudes. Chaque dominante semble porter en elle toute la gamme du tableau, comme
en filigrane. Ainsi le ciel se module-t-il de teintes jaunes, vertes ou rosées et dévoile en
son centre un soleil rose. Le premier plan aux tonalités plus franches offre aussi à l’oeil
un véritable feu d’artifices de couleurs chaudes où le bleu reste néanmoins présent. Les
arbres résument dans leur feuillage cet amalgame où se rencontrent toutes les couleurs
du tableau.
Auguste Renoir (1841-1919) est un peintre français qui connait une longue carrière
aux orientations changeantes. Formé à l’école des Beaux-arts dans l’atelier de Charles
Gleyre, il y rencontre Monet et Sisley avec lesquels il entame sa période impressionniste
s’intéressant aux effets de lumière. Sa peinture toujours figurative privilégie néanmoins
les personnages au paysage, dans des scènes populaires comme le Bal du Moulin de la
Galette, aujourd’hui au Musée d’Orsay. Cependant, son admiration pour Ingres et ses
nus épurés lui font délaisser les Impressionnistes pour l’orienter vers une peinture plus
classique, aux contours plus affirmés comme ses Grandes baigneuses du Philadelphia
Museum. Après ce changement radical, mal reçu par la critique, il trouve enfin le style
dans lequel il réalise ses plus grands chefs-d’oeuvre. Les années 1890, période à laquelle
appartient ce tableau, sont celles de la maturité mais aussi du succès. Vendu chez Vollard
et Durand-Ruel, il expose jusqu’aux Etats-Unis. C’est aussi l’époque où il découvre le
sud de la France et sa lumière ensoleillée ; il s’installe à Cagnes-sur-Mer. Ce Port et
ville, vus d’une fenêtre est emblématique de cette dernière période et nous offre une
magnifique synthèse de son art où l’on retrouve sa touche et sa palette si caractéristiques.
Il constitue aussi un rare témoignage de paysage pris sur le vif, genre auquel il s’adonne
rarement.
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